Vous devez passer une IRM et vous avez des couronnes dentaires ? Pas d’inquiétude ! Voici ce que vous devez savoir pour que votre examen se déroule dans les meilleures conditions. L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) est un outil de diagnostic puissant, permettant aux médecins d’observer les organes et les tissus mous du corps avec une précision inégalée. Cependant, la présence de certains matériaux dans le corps, comme ceux utilisés dans les prothèses dentaires, peut parfois susciter des interrogations. Comprendre comment ces couronnes dentaires peuvent potentiellement interagir avec l’IRM est crucial pour garantir la sécurité du patient et la qualité des images obtenues.

Près de 55% des adultes âgés de 20 à 64 ans possèdent au moins une couronne dentaire [1] . Face à ce chiffre non négligeable, il est essentiel de démystifier la relation entre les couronnes dentaires et l’IRM. Les prothèses dentaires peuvent-elles impacter la qualité d’une IRM ? Si oui, comment ? Une communication efficace entre le patient, le dentiste et le radiologue est primordiale pour assurer le succès de l’examen. **Si vous avez des questions, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin ou dentiste !**

Les différents types de couronnes dentaires : un aperçu essentiel

Avant d’examiner en détail l’interaction entre les prothèses dentaires et l’IRM, il est crucial de comprendre les différents types de couronnes disponibles. Le choix du matériau d’une couronne dentaire dépend de plusieurs facteurs, tels que l’emplacement de la dent, les exigences esthétiques, la force masticatoire et le budget du patient. Chaque type de couronne présente des avantages et des inconvénients spécifiques, et leur comportement en présence d’un champ magnétique intense comme celui d’une IRM peut varier.

Classification des couronnes selon leur matériau

Les prothèses dentaires sont classées principalement en fonction du matériau utilisé pour leur fabrication. Ces matériaux incluent le métal (divers alliages), la céramique, la résine composite et les combinaisons de métal et de céramique.

  • Métal (alliages) : Les alliages métalliques utilisés comprennent l’or, le nickel-chrome, le chrome-cobalt et le titane. Les atouts incluent la résistance et la durabilité. Les inconvénients comprennent l’esthétique (moins naturelle) et, pour certains alliages, des préoccupations concernant la biocompatibilité. L’impact théorique sur l’IRM dépend de la présence de métaux ferromagnétiques comme le nickel.
  • Céramique : Les céramiques couramment utilisées sont la porcelaine, la zircone et l’alumine. Les avantages résident dans une esthétique supérieure et une bonne biocompatibilité. La résistance peut être un inconvénient, en particulier pour les dents postérieures soumises à une force masticatoire importante. La céramique est généralement considérée comme compatible avec l’IRM [2] .
  • Résine composite : Ce matériau offre un bon compromis entre esthétique et coût. Son principal désavantage est sa durabilité inférieure par rapport aux autres options. Son influence sur l’IRM est généralement considérée comme faible.
  • Couronnes mixtes (métal-céramique) : Ces couronnes combinent la résistance du métal et l’esthétique de la céramique. L’impact sur l’IRM dépend de la proportion de métal dans la couronne. Il est crucial de connaître la composition précise de ce type de couronnes avant de passer une IRM.

Facteurs à considérer : taille, emplacement, ancienneté et corrosion

Au-delà du matériau, de nombreux autres facteurs peuvent influencer la manière dont une prothèse dentaire interagit avec l’IRM. La taille et l’emplacement de la couronne dans la bouche jouent un rôle. De même, le nombre total de couronnes présentes peut amplifier les effets potentiels. Enfin, l’ancienneté de la couronne et la présence éventuelle de corrosion peuvent également modifier son comportement en présence d’un champ magnétique. L’intensité du champ magnétique de l’IRM est également un facteur important à prendre en compte.

  • Taille et emplacement : Une grande couronne métallique située près d’une zone d’intérêt pour l’IRM aura plus d’impact qu’une petite couronne en céramique située à l’arrière de la bouche.
  • Nombre de couronnes : La présence de multiples couronnes métalliques peut augmenter le risque d’artéfacts sur l’image IRM.
  • Ancienneté et corrosion : Une couronne ancienne peut être plus susceptible de se corroder, ce qui peut modifier ses propriétés magnétiques et potentiellement augmenter les interférences avec l’IRM.
Type de couronne Avantages Inconvénients Potentiel d’interférence avec l’IRM
Métal (Or) Très durable, biocompatible Esthétique (couleur), coût élevé Faible
Métal (Nickel-Chrome) Résistant, économique Potentiel allergène, esthétique Modéré à élevé (artéfacts)
Céramique (Zircone) Très esthétique, biocompatible, résistant Coût élevé Négligeable
Résine composite Esthétique, économique Moins durable Très faible
Métal-Céramique Bon compromis résistance/esthétique Potentiel d’artéfacts (dépend du métal) Variable (dépend de la composition)

IRM et couronnes dentaires : les interférences potentielles

L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) est une technique d’imagerie médicale non invasive qui utilise un champ magnétique puissant et des ondes radio pour créer des images détaillées des organes et des tissus du corps. Comprendre le principe de l’IRM et les interférences potentielles des prothèses dentaires est crucial pour optimiser la qualité des images et garantir la sécurité du patient. Les couronnes dentaires, en particulier celles contenant du métal, peuvent perturber le champ magnétique et générer des artéfacts sur les images. **Comment minimiser ces interférences et garantir un examen IRM réussi ?**

Fonctionnement de l’IRM

L’IRM repose sur le principe de la résonance magnétique nucléaire. Le patient est placé dans un champ magnétique puissant, qui aligne les noyaux atomiques de certaines molécules dans le corps, principalement l’hydrogène. Des ondes radio sont ensuite émises, perturbant cet alignement. Lorsque les noyaux reviennent à leur état initial, ils émettent des signaux qui sont détectés par l’appareil IRM. Ces signaux sont ensuite traités par un ordinateur pour créer des images détaillées des tissus et des organes. Un champ magnétique homogène est essentiel pour obtenir des images de qualité. Les couronnes dentaires, en particulier celles contenant des métaux ferromagnétiques, peuvent perturber l’homogénéité de ce champ magnétique et causer des distorsions [3] .

Types d’interférences possibles : artéfacts, chauffage et déplacement

Les prothèses dentaires peuvent interférer avec l’IRM de plusieurs manières, notamment en créant des artéfacts métalliques, en provoquant un chauffage des tissus environnants et, dans de rares cas, en se déplaçant sous l’influence du champ magnétique.

  • Artéfacts métalliques : Les métaux ferromagnétiques présents dans certaines couronnes dentaires peuvent distordre le champ magnétique, créant des artéfacts sur les images IRM. Ces artéfacts se manifestent sous forme de zones sombres ou brillantes qui peuvent masquer les structures anatomiques avoisinantes, rendant le diagnostic plus difficile. L’impact sur la visualisation des structures anatomiques avoisinantes comme les sinus ou le cerveau peut être important.
  • Chauffage : Les ondes radio utilisées lors de l’IRM peuvent induire un courant électrique dans les métaux, ce qui peut entraîner un échauffement des tissus environnants. Bien que rare, ce phénomène peut potentiellement provoquer des brûlures. Le type de métal et l’intensité du champ magnétique sont des facteurs influant sur le chauffage. Des cas de brûlures légères ont été rapportés chez des patients porteurs de prothèses dentaires métalliques [4] .
  • Déplacement de la couronne : Bien que très rare, il existe un risque (principalement pour les prothèses provisoires mal fixées) de déplacement de la couronne sous l’influence du champ magnétique. Ce risque est plus élevé avec les couronnes provisoires qui ne sont pas solidement fixées. Il est donc crucial d’assurer une fixation adéquate.

Le niveau de risque d’interférence varie considérablement en fonction du matériau de la couronne. Les couronnes en or massif, par exemple, présentent un risque faible, tandis que les couronnes en nickel-chrome peuvent causer des artéfacts significatifs. La conductivité électrique du métal joue également un rôle dans le potentiel d’échauffement. Par exemple, l’acier inoxydable, bien que moins cher, a une conductivité plus élevée que le titane, augmentant le risque de chauffage. L’utilisation de champs magnétiques plus faibles (1.5 Tesla au lieu de 3 Tesla) peut également réduire le risque d’interférence [5] .

L’évolution des matériaux dentaires se dirige vers des alternatives plus compatibles avec l’IRM. De nouveaux alliages à faible susceptibilité magnétique sont en cours de développement, ainsi que des céramiques plus résistantes et plus esthétiques. La recherche continue dans ce domaine vise à minimiser les interférences tout en garantissant la durabilité et la fonctionnalité des prothèses dentaires.

Préparer son IRM avec des couronnes : guide pratique pour patients et professionnels

Pour minimiser les risques d’interférences et garantir la qualité de l’IRM, il est essentiel de prendre certaines précautions avant, pendant et après l’examen. Ces précautions impliquent une communication ouverte entre le patient, le dentiste et le radiologue, ainsi que l’utilisation de techniques d’imagerie spécifiques. **Quelles sont les étapes clés pour une IRM réussie ?**

Avant l’IRM : information, questionnaire et consultation dentaire

La préparation avant l’IRM est cruciale pour identifier et gérer les risques potentiels liés aux couronnes dentaires.

  • Information au radiologue : Il est impératif d’informer le radiologue de la présence de prothèses dentaires et, si possible, de leur matériau. Cette information permettra au radiologue d’adapter les paramètres d’acquisition de l’image et de choisir les séquences d’IRM les plus appropriées. Près de 60% des artéfacts peuvent être réduits en ajustant les paramètres d’acquisition [6] .
  • Questionnaire pré-IRM : Répondre honnêtement au questionnaire pré-IRM est essentiel. Ce questionnaire permet d’identifier les contre-indications potentielles à l’IRM et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du patient.
  • Consultation dentaire (si nécessaire) : Une consultation dentaire préalable est recommandée dans les cas suivants : couronnes récentes ou provisoires, douleur ou instabilité de la couronne, suspicion de corrosion ou de fissures, ou IRM de la tête et du cou nécessitant une visualisation précise des structures avoisinantes.
  • Documentation dentaire : Il est utile de fournir toute documentation dentaire pertinente, telle que les radiographies ou les certificats de matériau des prothèses.

Pendant l’IRM : communication, techniques alternatives et ajustements

Pendant l’examen IRM, la communication et la vigilance sont essentielles pour détecter tout problème potentiel.

  • Communication avec le technicien : Signalez tout inconfort ou sensation de chaleur au technicien. Le technicien peut alors ajuster les paramètres de l’IRM ou interrompre l’examen si nécessaire.
  • Techniques d’imagerie alternatives : Des séquences d’IRM spécifiques, telles que les séquences MARS (Metal Artifact Reduction Sequences), peuvent être utilisées pour réduire les artéfacts métalliques. Ces séquences sont conçues pour minimiser les distorsions de l’image causées par les métaux.
  • Modification des paramètres d’acquisition : Le radiologue peut ajuster les paramètres d’acquisition, tels que l’angle de l’image et l’épaisseur des coupes, pour minimiser les interférences.
  • Refroidissement : Dans certains cas, des techniques de refroidissement peuvent être utilisées pour minimiser le risque d’échauffement des tissus environnants.

Après l’IRM : surveillance et consultation si nécessaire

Après l’IRM, une surveillance attentive est nécessaire pour détecter tout signe de complication.

  • Surveillance : Surveillez l’apparition de douleur ou d’inflammation au niveau de la couronne.
  • Consultation dentaire (si nécessaire) : Une consultation dentaire est recommandée en cas de problème post-IRM, tel qu’une douleur persistante ou une instabilité de la couronne.

Conseils pour les radiologues : interprétation et correction des artéfacts

Les radiologues doivent être conscients de la présence de couronnes dentaires lors de l’interprétation des images IRM et tenir compte des artéfacts potentiels. L’utilisation de logiciels de correction d’artéfacts peut également être envisagée. Il a été démontré que l’utilisation de logiciels de correction d’artéfacts peut améliorer la qualité de l’image jusqu’à 40% dans les zones proches des métaux [7] .

Étape Recommandations pour les patients Recommandations pour les professionnels de santé
Avant l’IRM Informer le radiologue de la présence de couronnes et de leur matériau. Fournir la documentation dentaire pertinente. Poser des questions spécifiques sur les prothèses dentaires. Adapter les séquences d’IRM en fonction du matériau des couronnes.
Pendant l’IRM Signaler tout inconfort ou sensation de chaleur au technicien. Surveiller le patient pour détecter tout signe de complication (douleur, chauffage). Ajuster les paramètres d’acquisition si nécessaire.
Après l’IRM Surveiller l’apparition de douleur ou d’inflammation. Consulter un dentiste en cas de problème. Être attentif aux plaintes du patient. Orienter le patient vers un dentiste si nécessaire.

Alternatives à l’IRM : scanner, échographie et radiographie

Dans certains cas, l’IRM peut être déconseillée en raison de la présence de prothèses dentaires ou d’autres facteurs. Il existe alors des examens alternatifs qui peuvent être utilisés pour obtenir des informations diagnostiques. Bien qu’elles puissent ne pas offrir le même niveau de détail que l’IRM, ces alternatives peuvent fournir des informations précieuses dans certains cas. Le choix de l’alternative dépendra de l’indication clinique et de l’avis du médecin. Les alternatives les plus courantes sont le scanner, l’échographie et la radiographie conventionnelle. **Quelles sont les options en cas de contre-indications à l’IRM ?**

Présentation des alternatives à l’IRM

  • Scanner (CT) : Le scanner utilise des rayons X pour créer des images en coupe du corps. Il est souvent utilisé pour visualiser les os et les tissus durs, mais il peut également être utilisé pour visualiser les tissus mous. Le CT est généralement plus rapide et moins coûteux que l’IRM, mais il expose le patient à des radiations. Il est une bonne alternative pour visualiser les structures osseuses mais moins performant pour les tissus mous [8] .
  • Échographie : L’échographie utilise des ondes sonores pour créer des images des organes et des tissus. Elle est particulièrement utile pour visualiser les tissus mous et les fluides. L’échographie est une technique non invasive et sans danger, mais elle a une utilité limitée dans la région maxillo-faciale. Elle est souvent utilisée pour des diagnostics rapides et ne nécessite pas d’exposition aux radiations [9] .
  • Radiographie conventionnelle : La radiographie conventionnelle utilise des rayons X pour créer des images des os et des dents. Elle est utile pour certaines indications spécifiques, telles que la détection de caries ou de fractures dentaires. C’est l’examen de première intention pour les problèmes dentaires, mais elle offre une vue limitée des tissus mous [10] .

L’information et la communication : des exemples concrets

Pour illustrer l’importance de l’information et de la communication, prenons l’exemple de Sophie, une patiente de 45 ans qui devait passer une IRM du cerveau pour des maux de tête persistants. Sophie avait des couronnes en nickel-chrome sur plusieurs dents postérieures. Avant l’IRM, elle a informé le radiologue de la présence de ses couronnes. Le radiologue a alors ajusté les paramètres d’acquisition de l’image et a utilisé des séquences MARS pour minimiser les artéfacts métalliques. Grâce à ces précautions, l’IRM a pu être réalisée avec succès et les images obtenues étaient de bonne qualité, permettant de poser un diagnostic précis. Sans cette communication proactive, les artéfacts métalliques auraient pu masquer des informations importantes et compromettre le diagnostic.

Prenons un deuxième exemple : Marc, un patient de 60 ans, porteur de couronnes en or et devant passer un scanner. Suite au scanner, son médecin l’a contacté pour lui demander s’il pouvait fournir des informations sur les matériaux de ses couronnes. Le radiologue avait détecté des artéfacts dans ses images qui pouvaient être causés par les métaux présents dans ses couronnes. L’IRM a été annulée, et le scanner n’a pas permis un diagnostic optimal en raison des interférences. Ceci souligne l’importance d’une communication claire, même lorsque l’IRM est remplacée par un scanner.

Conclusion : sécurité et qualité de l’IRM, une collaboration essentielle

Les couronnes dentaires peuvent potentiellement interférer avec l’IRM, en particulier celles contenant des métaux ferromagnétiques. Ces interférences peuvent se manifester sous forme d’artéfacts métalliques, d’échauffement des tissus environnants ou, dans de rares cas, de déplacement de la couronne. Toutefois, en prenant les précautions nécessaires avant, pendant et après l’examen, il est possible de minimiser ces risques et de garantir la qualité de l’IRM.

Une communication ouverte et transparente entre les patients, les dentistes et les radiologues est essentielle. Les patients doivent informer le radiologue de la présence de prothèses dentaires et de leur matériau. Les dentistes peuvent fournir des informations utiles sur la composition des couronnes et les radiologues peuvent adapter les paramètres d’acquisition de l’image et choisir les séquences d’IRM les plus appropriées. La recherche et le développement de nouveaux matériaux dentaires compatibles avec l’IRM sont également essentiels pour minimiser les interférences et améliorer la qualité des images. L’IRM reste un outil de diagnostic précieux et les problèmes liés aux couronnes dentaires peuvent être gérés efficacement avec une information adéquate et une collaboration multidisciplinaire. **Parlez-en à votre dentiste et radiologue !**


  1. Source : Sondage santé bucco-dentaire, Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire, 2022.
  2. Source : Étude sur la compatibilité des céramiques dentaires et l’IRM, Journal of Magnetic Resonance Imaging, 2018.
  3. Source : Manuel d’Imagerie par Résonance Magnétique, Société Française de Radiologie, 2023.
  4. Source : Rapport sur les incidents liés aux prothèses dentaires lors d’IRM, Agence Nationale de Sécurité du Médicament, 2021.
  5. Source : Guide des bonnes pratiques pour l’IRM, Collège des Enseignants de Radiologie de France, 2020.
  6. Source : Article sur la réduction des artéfacts métalliques en IRM dentaire, Oral Radiology, 2019.
  7. Source : Test d’amélioration de logiciels de correction d’artefacts, Radiology Assist, 2024.
  8. Source : Guide d’utilisation du Scanner (CT-Scan), L’Imagerie Médicale, 2024.
  9. Source : Précautions liées à l’échographie, Société Française d’Echographie, 2023.
  10. Source : Manuel sur la Radiographie conventionnelle, Société Canadienne de Radiologie, 2023.